Comprendre le contexte de la fin de vie

Lorsqu’une personne est atteinte d’une maladie grave, évolutive, avec un pronostic vital engagé, son organisme entre naturellement dans une phase de ralentissement. En phase avancée ou terminale, l'alimentation et l'hydratation ne sont plus perçues comme des besoins essentiels par le corps. Il devient alors nécessaire de réévaluer la pertinence de certains traitements comme l'hydratation artificielle, qui peut être considérée comme un maintien artificiel de la vie, sans bénéfice réel.

Les professionnels de santé (médecins, infirmiers, soignants) accompagnent les malades en fin de vie avec une approche palliative. Cela ne signifie pas arrêter les soins, mais adapter les traitements pour soulager les souffrances, éviter l’obstination déraisonnable et accompagner le mourant avec humanité.

Pourquoi l'hydratation artificielle peut devenir problématique ?

L’arrêt de l’hydratation peut sembler choquant, mais il se justifie dans de nombreuses situations de fin de vie. En effet, poursuivre une hydratation artificielle chez une personne en fin de vie peut engendrer :

  • Des œdèmes et des troubles respiratoires : l'accumulation de liquides, mal éliminés, peut provoquer un encombrement respiratoire insupportable.
     

  • Des sécrétions bronchiques importantes : elles peuvent gêner la respiration et créer des râles agoniques.
     

  • Des douleurs ou gonflements : les bras ou jambes peuvent enfler, rendant les soins plus difficiles.
     

  • Une limitation du confort naturel : la déshydratation progressive, lorsqu’elle est accompagnée et non subie, entraîne un état de somnolence et favorise un apaisement naturel.

Dans ces cas, continuer à hydrater revient à maintenir artificiellement un corps qui n’en a plus le besoin. L’objectif des soins devient alors de soulager, non de hâter la fin, ni de maintenir la vie à tout prix.

En fin de vie, il ne s’agit pas de faire toujours plus, mais de faire ce qu’il faut, avec tendresse et justesse.

Un choix médical, éthique et encadré par la loi

La décision d’arrêter un traitement comme l’hydratation artificielle repose sur des principes déontologiques, des règles précises et une concertation rigoureuse entre soignants et famille.

Elle est fondée sur :

  • La loi Leonetti-Claeys, qui encadre l’arrêt des traitements, la limitation des soins, et autorise, dans certaines situations, une sédation profonde et continue jusqu’au décès, appelée aussi sédation terminale.
     

  • La demande du patient, s’il est en capacité de s’exprimer. À défaut, on se réfère aux directives anticipées ou à la personne de confiance.
     

  • Une procédure collégiale, réunissant le médecin-traitant, d’autres professionnels de santé et des soignants impliqués.
     

  • Le respect des valeurs éthiques et de la volonté exprimée du patient. Il ne s’agit jamais d’abréger une vie, ni de faire de l’assistance au suicide, mais de respecter une personne majeure atteinte d’une affection grave et incurable.

Cette pratique ne doit pas être confondue avec l’euthanasie, interdite en France, mais elle fait l’objet de propositions de loi et de débats sur une nouvelle loi encadrant l’accompagnement de la fin de vie.

Maintenir le confort : l’hydratation de bouche

Même en cas d’arrêt de l’hydratation, les soins se poursuivent. Le patient en fin de vie bénéficie :

  • D’une hydratation buccale régulière (brumisateur, compresses, gels adaptés)
     

  • D’un accompagnement humain et soignant, avec présence de l’infirmier, de l’aidant ou de la famille
     

  • D’un suivi médical attentif, souvent dans le cadre d’une hospitalisation à domicile, d’un service de soins palliatifs ou d’un établissement spécialisé

L’objectif reste de soulager les souffrances, d’éviter tout inconfort insupportable, et de mourir dans la dignité, sans intervention inutile ni douleur prolongée.

Une question de dignité et d’humanité

Arrêter l’hydratation en fin de vie est une décision médicale, mais aussi humaine et relationnelle. Elle demande du temps, de l’écoute, du dialogue. Les professionnels de santé, soignants et familles doivent se soutenir dans ce processus, en respectant au mieux la volonté du malade en fin de vie.

Sources :