Qu'est-ce que la maladie à corps de Lewy ?

La maladie à corps de Lewy tire son nom du neurologue allemand Friedrich Heinrich Lewy qui, au début du XXe siècle, décrivit pour la première fois ces inclusions protéiques anormales observées dans le cerveau de patients atteints de troubles neurologiques. Ces agrégats pathologiques, appelés corps de Lewy, se composent principalement d'alpha-synucléine, une protéine qui s'accumule et adopte une conformation toxique pour les neurones. Contrairement à la maladie de Parkinson où ces dépôts restent localisés dans le tronc cérébral, la maladie à corps de Lewy se caractérise par une diffusion de ces inclusions dans l'ensemble du cortex cérébral, affectant ainsi de multiples régions cérébrales essentielles aux fonctions vitales.

Cette pathologie neuroévolutive se manifeste généralement après l'âge de 50 ans et progresse de manière inexorable vers une détérioration cognitive, motrice et autonome. L'accumulation progressive des corps de Lewy entraîne une dégénérescence neuronale massive touchant simultanément les zones cérébrales responsables de la cognition, du mouvement, de la régulation autonome et des fonctions vitales. Cette atteinte multisystémique explique la gravité de la maladie et la multiplicité des complications pouvant conduire au décès des patients.

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Les principales causes de décès dans la maladie à corps de Lewy

Pneumopathies d'inhalation et complications respiratoires

Les pneumopathies d'inhalation constituent la première cause de mortalité chez les personnes atteintes de maladie à corps de Lewy, représentant environ 40 à 50% des décès. Ces infections pulmonaires surviennent lorsque des particules alimentaires, des liquides ou de la salive pénètrent dans les voies respiratoires au lieu de suivre le trajet normal vers l'œsophage et l'estomac. Les troubles de la déglutition, médicalement appelés dysphagie, s'aggravent progressivement au cours de l'évolution de la maladie en raison de l'atteinte des centres nerveux contrôlant la coordination des muscles pharyngés et laryngés.

La diminution du réflexe de toux, conséquence de l'atteinte neurologique, empêche les patients d'expulser efficacement les corps étrangers ayant pénétré dans les bronches. Les particules alimentaires inhalées créent un environnement propice au développement de bactéries pathogènes, déclenchant des pneumonies sévères. L'immobilisation progressive des patients favorise également la stase des sécrétions bronchiques et la survenue de pneumopathies par encombrement. Ces infections pulmonaires s'avèrent particulièrement redoutables chez les personnes âgées dont les défenses immunitaires sont affaiblies, conduisant fréquemment à une détresse respiratoire aiguë et au décès dans un contexte de défaillance multiviscérale.

Complications cardiovasculaires et mort subite

Les complications cardiovasculaires représentent la deuxième cause majeure de décès dans la maladie à corps de Lewy. L'atteinte du système nerveux autonome, caractéristique de cette pathologie, provoque une dysrégulation sévère de la fonction cardiaque et vasculaire. L'hypotension orthostatique, présente chez la majorité des patients, résulte d'une incapacité du système nerveux sympathique à adapter la pression artérielle lors des changements de position. Cette instabilité tensionnelle expose les patients à des syncopes brutales pouvant entraîner des chutes avec traumatismes crâniens ou thoraciques potentiellement fatals.

Des troubles du rythme cardiaque, incluant des bradycardies sévères ou au contraire des tachycardies paroxystiques, surviennent fréquemment en raison de la dénervation sympathique cardiaque mise en évidence par la scintigraphie au MIBG. Ces arythmies peuvent dégénérer en arrêt cardiaque, expliquant certains cas de mort subite observés chez les patients atteints de MCL. L'association fréquente avec des facteurs de risque cardiovasculaires liés à l'âge majore le risque d'infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux contribuant à la mortalité de cette population.

Illustration médicale de neurones touchés par la maladie à corps de Lewy

Conséquences des chutes répétées

Les chutes constituent une complication récurrente et potentiellement mortelle dans l'évolution de la maladie à corps de Lewy. Environ 70% des patients subissent des chutes au cours de leur maladie, conséquence de la combinaison de multiples facteurs incluant l'instabilité posturale liée au syndrome parkinsonien, les fluctuations cognitives avec épisodes de confusion, l'hypotension orthostatique provoquant des malaises, et les hallucinations visuelles altérant la perception de l'environnement.

Les traumatismes résultant de ces chutes peuvent être directement fatals, notamment les hématomes sous-duraux consécutifs à des chocs crâniens ou les hémorragies internes massives. Les fractures du col du fémur, particulièrement fréquentes chez les personnes âgées ostéoporotiques, nécessitent des interventions chirurgicales lourdes comportant des risques anesthésiques majeurs chez ces patients fragiles. L'immobilisation prolongée consécutive aux fractures favorise la survenue de complications thromboemboliques comme les embolies pulmonaires, ainsi que des escarres profondes pouvant se surinfecter et conduire à des septicémies fatales.

Dénutrition, déshydratation et défaillance multiviscérale

La dénutrition sévère représente une complication fréquente aux stades avancés de la maladie à corps de Lewy, résultant de mécanismes multifactoriels. Les troubles de la déglutition rendent l'alimentation orale difficile, douloureuse et angoissante, entraînant une réduction drastique des apports nutritionnels. L'apathie profonde et les troubles cognitifs sévères font perdre aux patients l'initiative de s'alimenter et la reconnaissance même du besoin nutritionnel. Certains médicaments utilisés pour contrôler les symptômes peuvent induire des nausées ou une perte d'appétit aggravant la situation.

La déshydratation chronique s'installe progressivement, favorisée par la diminution de la sensation de soif, les difficultés de déglutition touchant également les liquides, et parfois une incontinence urinaire conduisant paradoxalement à une restriction hydrique. L'état de cachexie qui en résulte affaiblit considérablement l'organisme, altère les défenses immunitaires, exposant aux infections, et compromet le fonctionnement de tous les organes vitaux. Cette dénutrition terminale conduit à une défaillance multiviscérale progressive avec insuffisance rénale, hépatique et cardiaque, menant inexorablement au décès dans un tableau de déchéance physique généralisée.

Ce n’est pas tant la mort qu’il faut redouter, mais une vie qui ne serait plus la sienne.

Infections récurrentes et septicémies

Au-delà des pneumopathies d'inhalation, les patients atteints de maladie à corps de Lewy développent une vulnérabilité accrue à diverses infections qui peuvent s'avérer fatales. Les infections urinaires récurrentes surviennent fréquemment en raison des troubles vésico-sphinctériens avec rétention urinaire favorisant la prolifération bactérienne, de l'immobilisation prolongée, et parfois de la nécessité de sondages vésicaux. Ces cystites peuvent dégénérer en pyélonéphrites, voire en septicémies urinaires, particulièrement redoutables chez ces patients fragiles.

Les escarres, plaies cutanées résultant de l'immobilisation et de la compression tissulaire prolongée, représentent une porte d'entrée privilégiée pour les infections cutanées. Ces lésions peuvent évoluer vers des infections nécrosantes profondes atteignant les tissus musculaires et osseux, nécessitant des interventions chirurgicales lourdes souvent impossibles chez ces patients en fin de vie. La dissémination bactérienne par voie sanguine conduit à des chocs septiques fulminants avec défaillance circulatoire aiguë et décès rapide malgré une antibiothérapie agressive.

Évolution naturelle de la maladie jusqu'au décès

Phase initiale et symptômes précurseurs

La phase précoce de la maladie à corps de Lewy, souvent méconnue et sous-diagnostiquée, peut s'étendre sur plusieurs années avant l'apparition des manifestations caractéristiques. Des symptômes prodromiques subtils émergent progressivement, notamment des troubles du comportement en sommeil paradoxal où les patients agissent leurs rêves de manière violente, une diminution de l'odorat appelée hyposmie, une constipation chronique rebelle, ainsi que des épisodes dépressifs ou anxieux inexpliqués. Ces signes précurseurs, rarement reliés entre eux, précèdent généralement de cinq à dix ans l'installation du tableau clinique complet.

Les premiers troubles cognitifs apparaissent de manière fluctuante, avec des difficultés attentionnelles, une lenteur d'idéation et des déficits visuospatiaux rendant difficiles les tâches complexes comme la conduite automobile ou la gestion administrative. Des hallucinations visuelles discrètes, souvent rationalisées par le patient, peuvent survenir en fin de journée. Les signes moteurs s'installent progressivement avec une raideur matinale, une lenteur des gestes et une instabilité légère lors des déplacements. À ce stade précoce, le patient conserve son autonomie pour les activités quotidiennes et peut encore vivre de manière relativement indépendante.

Phase d'état et perte d'autonomie progressive

La phase d'état se caractérise par l'installation de l'ensemble des manifestations cardinales de la maladie à corps de Lewy, avec des fluctuations cognitives spectaculaires alternant périodes de lucidité et épisodes confusionnels. Les hallucinations visuelles deviennent quotidiennes et plus élaborées, mettant en scène des personnes, des enfants ou des animaux dans l'environnement immédiat du patient. Le syndrome parkinsonien s'aggrave avec une rigidité généralisée, une lenteur majeure des mouvements, une marche à petits pas et des chutes de plus en plus fréquentes nécessitant progressivement une aide à la déambulation.

L'autonomie décline lentement, nécessitant une assistance croissante pour les activités instrumentales puis pour les actes de la vie quotidienne. Les troubles dysautonomiques s'intensifient avec une hypotension orthostatique sévère, des malaises répétés, une constipation majeure et des troubles urinaires invalidants. Les troubles de la déglutition émergents, d'abord discrets avec des toux occasionnelles pendant les repas, puis de plus en plus marqués nécessitant une adaptation de la texture alimentaire. Cette phase dure généralement trois à cinq ans et conduit inexorablement vers la phase terminale.

Phase terminale et fin de vie

La phase terminale de la maladie à corps de Lewy s'accompagne d'une détérioration cognitive profonde avec perte de la capacité de communication verbale cohérente, troubles massifs de la mémoire empêchant la reconnaissance des proches et désorientation temporospatiale complète. Le patient devient totalement dépendant pour tous les actes de la vie quotidienne, nécessitant une assistance permanente pour l'alimentation, la toilette, l'habillage et les transferts. L'immobilisation progressive au lit ou au fauteuil expose aux complications du décubitus prolongé.

Les troubles de la déglutition deviennent majeurs, rendant l'alimentation orale dangereuse, voire impossible. La question de la nutrition artificielle par sonde gastrique se pose alors, soulevant des interrogations éthiques complexes quant à son bénéfice réel pour le confort du patient en fin de vie. Les infections se multiplient malgré les traitements antibiotiques, témoignant de l'épuisement des défenses immunitaires. La cachexie s'installe avec un amaigrissement extrême, une fonte musculaire généralisée et un état grabataire. Le décès survient généralement dans un tableau de défaillance multiviscérale, souvent précipité par une pneumopathie d'inhalation massive, une septicémie incontrôlable ou un arrêt cardiorespiratoire.

Main d’un proche tenant celle d’une personne mourante atteinte de la maladie à corps de Lewy

Espérance de vie et facteurs pronostiques

Durée moyenne de survie après le diagnostic

L'espérance de vie moyenne après le diagnostic de maladie à corps de Lewy s'établit autour de sept à huit ans, bien que cette statistique masque une importante variabilité interindividuelle. Certains patients connaissent une évolution rapide et agressive avec un décès survenant dans les deux à trois ans suivant le diagnostic, tandis que d'autres présentent une progression plus lente s'étendant sur quinze à vingt ans. Cette hétérogénéité évolutive rend difficile l'établissement d'un pronostic individuel précis au moment de l'annonce diagnostique.

Il convient de souligner que ce délai de sept ans correspond à la survie post-diagnostique, et non à la durée totale de la maladie. Le diagnostic étant souvent tardif en raison de la méconnaissance de cette pathologie et de la confusion fréquente avec la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, la maladie évolue généralement depuis plusieurs années avant d'être correctement identifiée. La durée totale de la maladie, depuis l'apparition des premiers symptômes prodromiques jusqu'au décès, peut ainsi atteindre douze à quinze ans voire davantage dans certains cas.

Facteurs influençant la survie

Plusieurs facteurs cliniques et démographiques influencent significativement l'espérance de vie des patients atteints de maladie à corps de Lewy. L'âge au moment du diagnostic constitue un déterminant majeur du pronostic, les patients diagnostiqués après 75 ans présentant une survie médiane plus courte que ceux diagnostiqués avant 65 ans. La présence de comorbidités cardiovasculaires, respiratoires ou métaboliques aggrave le pronostic en multipliant les risques de complications fatales.

La sévérité initiale du syndrome parkinsonien influence également la survie, les patients présentant d'emblée une rigidité majeure et une instabilité posturale importante ayant un risque accru de chutes traumatiques et d'immobilisation précoce. La précocité d'apparition des troubles de la déglutition constitue un facteur pronostique péjoratif en raison du risque élevé de pneumopathies d'inhalation. À l'inverse, une prise en charge pluridisciplinaire précoce et adaptée, incluant kinésithérapie, orthophonie et suivi neurologique spécialisé, peut contribuer à prolonger la survie et surtout à améliorer la qualité de vie durant l'évolution de la maladie.

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Symptômes caractéristiques de la maladie à corps de Lewy

Troubles cognitifs et fluctuations de vigilance

Les altérations cognitives dans la maladie à corps de Lewy se distinguent de celles observées dans la maladie d'Alzheimer par leur caractère fluctuant et la nature des déficits prédominants. Les patients présentent des difficultés attentionnelles majeures avec incapacité à maintenir leur concentration sur une tâche, une lenteur marquée du traitement de l'information, et des déficits visuospatiaux rendant difficiles la perception des distances, la reconnaissance des visages et l'orientation dans l'espace. Les troubles mnésiques, bien que présents, s'avèrent moins sévères qu'dans l'Alzheimer et portent davantage sur la récupération que sur l'encodage de l'information.

La caractéristique pathognomonique réside dans les fluctuations cognitives spectaculaires pouvant survenir d'une heure à l'autre. Le patient alterne ainsi des phases de relative lucidité où il peut converser normalement et des périodes de confusion profonde avec somnolence, discours incohérent et regard fixe dans le vide. Ces variations imprévisibles déstabilisent profondément l'entourage et compliquent l'évaluation clinique lors des consultations médicales ponctuelles.

Hallucinations visuelles et troubles psychiatriques

Les hallucinations visuelles représentent un symptôme cardinal de la maladie à corps de Lewy, survenant chez 70 à 80% des patients au cours de l'évolution. Ces phénomènes hallucinatoires présentent des caractéristiques spécifiques : ils sont complexes et détaillés, mettant en scène des personnes complètes, souvent en mouvement, des enfants jouant dans la pièce, des animaux domestiques ou des insectes se déplaçant sur les murs. Ils surviennent préférentiellement en fin de journée, lors de la baisse de luminosité et dans des situations de faible stimulation sensorielle.

Contrairement aux hallucinations psychotiques, celles de la MCL ne génèrent généralement pas d'angoisse majeure ni de comportements dangereux, le patient conservant souvent un certain recul critique. Des erreurs de perception, comme voir un visage dans les motifs d'un tapis, précèdent fréquemment les vraies hallucinations. Des idées délirantes, une apathie profonde, des épisodes dépressifs et une anxiété importante complètent le tableau neuropsychiatrique de cette maladie complexe.

Syndrome parkinsonien

Le syndrome parkinsonien se développe chez environ 60 à 70% des patients atteints de maladie à corps de Lewy, se manifestant par une triade symptomatique incluant la rigidité musculaire, la bradykinésie et l'instabilité posturale. La rigidité affecte symétriquement les membres et le tronc, créant une sensation de raideur généralisée et rendant les mouvements pénibles. La bradykinésie se traduit par une lenteur d'initiation et d'exécution des gestes volontaires, une micrographie avec écriture de plus en plus petite, et une hypomimie donnant au visage une expression figée.

L'instabilité posturale avec troubles de l'équilibre expose les patients à un risque majeur de chutes, particulièrement lors des demi-tours ou des changements de direction. La démarche devient hésitante, à petits pas, avec diminution du ballant des bras et tendance à la propulsion vers l'avant. Contrairement à la maladie de Parkinson idiopathique où le tremblement de repos constitue souvent le symptôme inaugural, celui-ci s'avère moins fréquent et moins prononcé dans la MCL.

Un accompagnement précoce peut prolonger l'espérance de vie de plusieurs années dans la maladie à corps de Lewy.

Troubles du sommeil paradoxal

Les troubles comportementaux en sommeil paradoxal constituent un marqueur précoce et hautement spécifique de la maladie à corps de Lewy, précédant souvent de plusieurs années l'apparition des autres symptômes. Durant cette phase du sommeil normalement caractérisée par une paralysie musculaire complète, les patients conservent une activité motrice excessive leur permettant d'agir leurs rêves. Ils peuvent ainsi parler distinctement, crier, gesticuler violemment, donner des coups de poing ou de pied, se lever et déambuler, le tout en réponse à des rêves fréquemment désagréables ou menaçants.

Ces comportements nocturnes exposent les patients et leurs conjoints à des traumatismes, les épisodes pouvant être particulièrement violents. La polysomnographie permet de documenter objectivement l'absence d'atonie musculaire durant le sommeil paradoxal et constitue un élément diagnostique précieux. La reconnaissance de ces troubles est cruciale, car leur présence chez un sujet d'âge mûr constitue un facteur de risque majeur de développement ultérieur d'une synucleinopathie comme la maladie à corps de Lewy ou de Parkinson.

Dysautonomie et troubles neurovégétatifs

La dysautonomie représente une composante majeure de la maladie à corps de Lewy, résultant de l'atteinte diffuse du système nerveux autonome par les dépôts d'alpha-synucléine. L'hypotension orthostatique constitue la manifestation dysautonomique la plus fréquente et la plus invalidante, se traduisant par une chute tensionnelle importante lors du passage en position debout. Cette instabilité tensionnelle provoque des sensations de malaise, des vertiges intenses, une vision floue et peut conduire à des syncopes brutales avec chutes traumatiques.

Les autres manifestations neurovégétatives incluent une constipation sévère et chronique présente chez plus de 80% des patients, une hypersalivation avec bavage diurne et nocturne, des troubles urinaires avec impériosités mictionnelles et incontinence, ainsi que des dysfonctions sexuelles. Des troubles de la thermorégulation avec hypersudation ou au contraire anhidrose peuvent survenir. Ces multiples dysfonctionnements autonomes altèrent considérablement la qualité de vie et contribuent aux complications pouvant mener au décès.

Diagnostic de la maladie à corps de Lewy

Critères diagnostiques et démarche clinique

Le diagnostic de la maladie à corps de Lewy repose sur des critères cliniques consensuels établis par McKeith et régulièrement révisés par un consortium international d'experts. Ces critères diagnostiques distinguent la MCL probable de la MCL possible selon la présence et la combinaison de symptômes cardinaux. Pour un diagnostic de MCL probable, le patient doit présenter un déclin cognitif progressif interférant avec les activités quotidiennes, associé à au moins deux des trois manifestations suivantes : fluctuations cognitives marquées, hallucinations visuelles récurrentes bien formées, et syndrome parkinsonien spontané survenant simultanément ou peu après les troubles cognitifs.

Des critères de soutien renforcent le diagnostic, incluant les troubles comportementaux en sommeil paradoxal documentés par polysomnographie ou histoire clinique évocatrice, une hypersensibilité sévère aux neuroleptiques avec aggravation majeure du syndrome parkinsonien ou troubles de la conscience, et une dysautonomie précoce avec hypotension orthostatique, incontinence urinaire ou constipation réfractaire. L'interrogatoire minutieux du patient et surtout de son entourage s'avère crucial pour identifier ces manifestations fluctuantes.

Examens complémentaires et biomarqueurs

Bien qu'aucun examen ne permette actuellement de confirmer avec certitude absolue le diagnostic de maladie à corps de Lewy du vivant du patient, plusieurs investigations paracliniques apportent des arguments diagnostiques importants. Le DAT scan, ou scintigraphie des transporteurs de la dopamine, visualise la dégénérescence des terminaisons nerveuses dopaminergiques dans les noyaux gris centraux. Cet examen montre une captation réduite du traceur radioactif chez les patients atteints de MCL, permettant de différencier cette pathologie de la maladie d'Alzheimer où le DAT scan reste normal.

La scintigraphie cardiaque au MIBG évalue l'innervation sympathique du myocarde et révèle une captation cardiaque diminuée chez la majorité des patients MCL, reflet de la dénervation sympathique cardiaque caractéristique de cette synucleinopathie. L'imagerie par résonance magnétique cérébrale montre généralement une atrophie moins marquée que dans l'Alzheimer, avec préservation relative du volume hippocampique. L'électroencéphalogramme peut révéler un ralentissement du rythme de base et des ondes lentes temporales. L'évaluation neuropsychologique complète le bilan en caractérisant précisément le profil des déficits cognitifs.

Diagnostic différentiel avec les autres démences

La complexité diagnostique de la maladie à corps de Lewy réside dans ses nombreuses similitudes avec d'autres pathologies neurodégénératives, particulièrement la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson avec démence. La distinction avec l'Alzheimer s'appuie sur plusieurs éléments sémiologiques : dans la MCL, les troubles mnésiques ne constituent pas le symptôme inaugural prédominant, les fluctuations cognitives s'avèrent spectaculaires, les hallucinations visuelles apparaissent précocement, le syndrome parkinsonien accompagne rapidement les troubles cognitifs, et le DAT scan est anormal contrairement à l'Alzheimer.

Le diagnostic différentiel avec la démence parkinsonienne repose essentiellement sur la chronologie d'apparition des symptômes. Dans la maladie à corps de Lewy, troubles cognitifs et syndrome parkinsonien surviennent simultanément ou dans un délai inférieur à un an, tandis que la démence parkinsonienne se développe après plus d'une décennie d'évolution d'une maladie de Parkinson établie. L'atrophie corticale postérieure, ou syndrome de Benson, partage avec la MCL des troubles visuospatiaux précoces mais s'en distingue par l'absence de syndrome extrapyramidal et d'hallucinations structurées.

Couple senior marchant ensemble, illustrant la vie avec une maladie neurodégénérative

Traitements et prise en charge palliative

Traitements médicamenteux symptomatiques

Aucun traitement curatif de la maladie à corps de Lewy n'existe actuellement, la prise en charge demeurant exclusivement symptomatique visant à améliorer la qualité de vie et le confort du patient. Les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, incluant le donépézil, la rivastigmine et la galantamine, démontrent une efficacité notable en compensant le déficit cholinergique cérébral. Ces molécules améliorent les capacités attentionnelles, réduisent l'intensité et la fréquence des hallucinations visuelles, et peuvent diminuer l'apathie. Leur utilisation est généralement bien tolérée avec des effets secondaires modérés principalement digestifs.

Le traitement du syndrome parkinsonien nécessite une approche prudente en raison du risque d'aggravation des hallucinations. La lévodopa peut être introduite progressivement à doses modérées pour améliorer la bradykinésie et la rigidité, mais son efficacité s'avère souvent partielle comparativement à la maladie de Parkinson idiopathique. Les agonistes dopaminergiques sont généralement évités car ils exacerbent fréquemment les troubles psychiatriques. La prise en charge des hallucinations repose en première intention sur l'optimisation du traitement cholinergique. Si un neuroleptique s'avère nécessaire, seule la clozapine dispose d'une autorisation, bien que nécessitant une surveillance hématologique régulière.

Approches non médicamenteuses

La prise en charge non pharmacologique revêt une importance capitale dans la maladie à corps de Lewy, particulièrement pour prévenir les complications conduisant au décès. La kinésithérapie joue un rôle essentiel dans le maintien des capacités motrices, la prévention de l'enraidissement articulaire, l'amélioration de l'équilibre et la réduction du risque de chutes. Des programmes d'exercices réguliers incluant marche, renforcement musculaire, étirements et travail de l'équilibre doivent être maintenus le plus longtemps possible.

L'orthophonie intervient précocement pour prévenir et traiter les troubles de la déglutition, principale cause de décès dans cette pathologie. Le bilan orthophonique évalue précisément les capacités de déglutition et identifie les fausses routes. Des stratégies de compensation sont enseignées au patient et à son entourage : modification des textures alimentaires avec alimentation hachée puis mixée, épaississement des liquides, positionnement optimal pendant les repas, techniques de déglutition sécurisée. L'ergothérapie adapte l'environnement domiciliaire pour prévenir les chutes et maintenir l'autonomie fonctionnelle le plus longtemps possible.

Soins palliatifs et accompagnement de fin de vie

L'approche palliative doit être envisagée précocement dans l'évolution de la maladie à corps de Lewy, dès que les traitements symptomatiques ne parviennent plus à contrôler les symptômes ou que les complications graves se multiplient. Les soins palliatifs visent prioritairement le confort du patient et le soulagement de la souffrance physique et psychologique, tant pour le malade que pour son entourage. Cette approche ne signifie pas l'abandon thérapeutique mais une réorientation des objectifs de soins vers la qualité de vie plutôt que la prolongation de la survie à tout prix.

Les décisions concernant les traitements de suppléance vitale, notamment la nutrition artificielle par sonde gastrique en cas de troubles majeurs de la déglutition, doivent être discutées en amont avec le patient lorsqu'il est encore capable d'exprimer ses volontés, et consignées dans des directives anticipées. L'intervention d'une équipe mobile de soins palliatifs permet d'optimiser le contrôle des symptômes inconfortables comme la dyspnée, la douleur liée aux escarres ou à l'immobilisation, l'encombrement bronchique, et l'anxiété. Un accompagnement psychologique de la famille aide à traverser cette épreuve et à préparer le deuil.

Accompagnement des proches et des aidants

Comprendre les symptômes pour mieux accompagner

L'accompagnement d'une personne atteinte de maladie à corps de Lewy jusqu'à son décès confronte les aidants familiaux à des défis émotionnels et pratiques considérables. La nature fluctuante des symptômes cognitifs génère une incompréhension et une détresse importantes, les proches peinant à accepter qu'un patient lucide le matin puisse être confus l'après-midi. Cette variabilité complique également l'organisation des soins et de l'accompagnement quotidien, nécessitant une adaptation permanente.

La gestion des hallucinations visuelles requiert une approche empathique évitant la confrontation. Plutôt que de nier la perception hallucinatoire du patient, ce qui génère anxiété et agitation, il convient de reconnaître son expérience tout en apportant une présence rassurante. Comprendre que ces manifestations résultent de dysfonctionnements neurologiques et non d'un trouble psychiatrique volontaire aide les familles à maintenir une attitude bienveillante. Éclairer correctement les pièces en fin de journée et éviter les environnements visuellement chargés diminue la fréquence des hallucinations.

Prévention de l'épuisement des aidants

L'accompagnement d'un proche atteint de maladie à corps de Lewy jusqu'au décès expose les aidants à un risque d'épuisement physique et psychologique majeur. La charge de travail augmente progressivement avec l'évolution de la maladie, nécessitant une présence permanente aux stades avancés pour assurer l'alimentation, l'hygiène, les transferts et la surveillance. Les nuits sont fréquemment perturbées par les troubles comportementaux en sommeil paradoxal et les besoins d'assistance nocturne. Cette sollicitation constante, associée à la souffrance de voir un être cher décliner inexorablement, conduit fréquemment à des syndromes dépressifs chez les aidants.

Le recours aux solutions de répit s'avère indispensable pour préserver la santé des aidants et la qualité de l'accompagnement. Les accueils de jour permettent au patient de bénéficier d'activités adaptées dans un cadre sécurisé tout en offrant quelques heures de répit à l'aidant. Les hébergements temporaires en établissement procurent des périodes de repos plus longues. Les aides à domicile spécialisées dans l'accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives apportent un soutien précieux pour les soins quotidiens et permettent à l'aidant de se préserver.

Ressources et structures de soutien

De nombreuses structures proposent un accompagnement spécialisé aux familles confrontées à la maladie à corps de Lewy. L'Association Maladie à Corps de Lewy (A2MCL) constitue en France la principale ressource dédiée, offrant informations actualisées, groupes de parole entre aidants permettant de partager expériences et conseils, formations spécifiques à cette pathologie, et soutien personnalisé. Les consultations mémoire assurent le suivi régulier, l'ajustement des traitements et la coordination de la prise en charge pluridisciplinaire.

Les plateformes d'accompagnement et de répit coordonnent les différentes interventions et orientent les familles vers les solutions adaptées. Les services de soins infirmiers à domicile prennent en charge les soins techniques comme les pansements d'escarres, l'administration de traitements injectables, et la surveillance clinique. Les équipes mobiles de gériatrie et de soins palliatifs interviennent au domicile pour optimiser la prise en charge et faciliter le maintien à domicile jusqu'au décès lorsque c'est le souhait de la famille. Des psychologues spécialisés dans l'accompagnement des aidants proposent un soutien pour traverser cette épreuve et préparer le deuil.

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Questions fréquentes sur la mort dans la maladie à corps de Lewy

Sources :
  • France Alzheimer
     
  • Fondation Vaincre Alzheimer
     
  • SFAP – Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs
     
  • INSERM – Dossier sur les maladies neurodégénératives
     
  • HAS – Guide des bonnes pratiques en fin de vie
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