Phase initiale et symptômes précurseurs
La phase précoce de la maladie à corps de Lewy, souvent méconnue et sous-diagnostiquée, peut s'étendre sur plusieurs années avant l'apparition des manifestations caractéristiques. Des symptômes prodromiques subtils émergent progressivement, notamment des troubles du comportement en sommeil paradoxal où les patients agissent leurs rêves de manière violente, une diminution de l'odorat appelée hyposmie, une constipation chronique rebelle, ainsi que des épisodes dépressifs ou anxieux inexpliqués. Ces signes précurseurs, rarement reliés entre eux, précèdent généralement de cinq à dix ans l'installation du tableau clinique complet.
Les premiers troubles cognitifs apparaissent de manière fluctuante, avec des difficultés attentionnelles, une lenteur d'idéation et des déficits visuospatiaux rendant difficiles les tâches complexes comme la conduite automobile ou la gestion administrative. Des hallucinations visuelles discrètes, souvent rationalisées par le patient, peuvent survenir en fin de journée. Les signes moteurs s'installent progressivement avec une raideur matinale, une lenteur des gestes et une instabilité légère lors des déplacements. À ce stade précoce, le patient conserve son autonomie pour les activités quotidiennes et peut encore vivre de manière relativement indépendante.
Phase d'état et perte d'autonomie progressive
La phase d'état se caractérise par l'installation de l'ensemble des manifestations cardinales de la maladie à corps de Lewy, avec des fluctuations cognitives spectaculaires alternant périodes de lucidité et épisodes confusionnels. Les hallucinations visuelles deviennent quotidiennes et plus élaborées, mettant en scène des personnes, des enfants ou des animaux dans l'environnement immédiat du patient. Le syndrome parkinsonien s'aggrave avec une rigidité généralisée, une lenteur majeure des mouvements, une marche à petits pas et des chutes de plus en plus fréquentes nécessitant progressivement une aide à la déambulation.
L'autonomie décline lentement, nécessitant une assistance croissante pour les activités instrumentales puis pour les actes de la vie quotidienne. Les troubles dysautonomiques s'intensifient avec une hypotension orthostatique sévère, des malaises répétés, une constipation majeure et des troubles urinaires invalidants. Les troubles de la déglutition émergents, d'abord discrets avec des toux occasionnelles pendant les repas, puis de plus en plus marqués nécessitant une adaptation de la texture alimentaire. Cette phase dure généralement trois à cinq ans et conduit inexorablement vers la phase terminale.
Phase terminale et fin de vie
La phase terminale de la maladie à corps de Lewy s'accompagne d'une détérioration cognitive profonde avec perte de la capacité de communication verbale cohérente, troubles massifs de la mémoire empêchant la reconnaissance des proches et désorientation temporospatiale complète. Le patient devient totalement dépendant pour tous les actes de la vie quotidienne, nécessitant une assistance permanente pour l'alimentation, la toilette, l'habillage et les transferts. L'immobilisation progressive au lit ou au fauteuil expose aux complications du décubitus prolongé.
Les troubles de la déglutition deviennent majeurs, rendant l'alimentation orale dangereuse, voire impossible. La question de la nutrition artificielle par sonde gastrique se pose alors, soulevant des interrogations éthiques complexes quant à son bénéfice réel pour le confort du patient en fin de vie. Les infections se multiplient malgré les traitements antibiotiques, témoignant de l'épuisement des défenses immunitaires. La cachexie s'installe avec un amaigrissement extrême, une fonte musculaire généralisée et un état grabataire. Le décès survient généralement dans un tableau de défaillance multiviscérale, souvent précipité par une pneumopathie d'inhalation massive, une septicémie incontrôlable ou un arrêt cardiorespiratoire.
Comment savoir que la fin est proche ?
Plusieurs signes cliniques annoncent l'entrée dans la phase terminale et permettent d'anticiper un décès dans les semaines ou mois à venir. Un amaigrissement majeur malgré les efforts nutritionnels, avec fonte musculaire sévère et cachexie, témoigne de l'épuisement de l'organisme. Le refus alimentaire persistant avec impossibilité de s'alimenter par voie orale signe souvent le début de la fin. L'immobilisation complète au lit avec impossibilité de tout transfert indique une évolution très avancée.
Une somnolence quasi permanente avec périodes d'éveil de plus en plus brèves et superficielles précède généralement le décès de quelques jours à quelques semaines. Les infections se multiplient et répondent de moins en moins bien aux antibiotiques. Des troubles de la régulation thermique avec hypothermie, un ralentissement du rythme cardiaque, une hypotension profonde et des troubles respiratoires avec pauses apnéiques annoncent l'imminence du décès. Ces signes permettent aux équipes soignantes d'intensifier l'accompagnement et aux familles de se préparer psychologiquement et de s'organiser pour être présentes.