À sa simple évocation, vous êtes nombreux à éprouver une peur irrationnelle. Superstitieux, vous êtes persuadé qu’il suffit d’en parler pour qu’elle se produise. Alors, vous essayez de la tenir à distance ou vous vivez comme si elle n’existait pas.

Mais savez-vous que des professionnels du deuil peuvent vous aider à faire face à vos propres peurs et vous soutenir si vous êtes confronté à la fin de vie ?

Vous êtes encore peu nombreux à le savoir, mais le palliatothérapeute est un spécialiste qui vous accompagne et vous soutient pour surmonter la perte imminente ou non d’un proche.

L’équipe Déva vous propose de découvrir la palliatothérapie qui permet de faire un travail en profondeur afin de mieux profiter de la vie et d’être plus serein avec la mort. Rencontre avec Sophie Gidrot, palliatothérapeute.

“Vous avez débuté votre carrière en tant qu’infirmière, comment êtes vous devenue palliatothérapeute ?”

Sophie Gidrol : Depuis 25 ans, je travaille dans les unités de soins palliatifs que j’ai découverts en stage lors de mes études d’infirmière. Que ce soit à l’hôpital ou en dehors, cette unité est un monde à part où les jours comptent triple. La vie y est célébrée au quotidien avec authenticité et intensité. L’humanité et le lien profond à l’autre qui y règnent sont uniques et incomparables.

Les familles restent pour autant très seules et souvent perdues. Le monde hospitalier est un monde à part. Partant de ce constat, j’ai décidé de les accompagner en m’appuyant sur la palliatothérapie.


Ainsi, en tant qu’experte des situations de fin de vie et de deuil, j’ai créé en 2018 ma plateforme duntempsalautre.com. J’y propose des consultations dédiées aux personnes qui ont ou non un proche atteint d’une maladie grave. Je les accompagne et les guide pour vivre cette fin de vie sans l’endurer. Mon objectif est de travailler en douceur et en profondeur sur les souffrances et les inquiétudes.

“La palliatothérapie est de plus en plus connue, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette spécialité ?”

SG : La palliatothérapie est une approche de soins relationnels pour les proches afin qu’ils aient du soutien, une clarification ou une traduction du langage médical et surtout un accompagnement tout au long de ces étapes de vie complexes. L’objectif d’un palliatothérapeute est de prendre soin du noyau familial, d’expliquer le vécu, d’anticiper les questions futures et d’être un soutien émotionnel et psychologique.

Dans cette épreuve, les proches des malades sont souvent démunis et perdus car ils se trouvent seuls et ne savent pas toujours vers qui se tourner pour s’autonomiser dans ces questions de santé et d’évolutivité.

Aussi, mon rôle auprès des familles des patients est de leur expliquer clairement les différentes techniques utilisées et les guider en fonction de leur besoin, volonté au sein de leur unicité. Plus lucide et apaisé, le proche est plus ouvert à un moment d’échange. L’occasion de leur permettre de se questionner, de verbaliser et de comprendre leurs ressentis et émotions d’un vécu.

Photos mains tenant un stylo au dessus d'un cahier

“Expliquez-nous comment se déroule une séance d’accompagnement”

SG : Dès la première séance en face à face ou par Whatsapp, ma priorité est de créer un climat de confiance. Pour cela, je libère la parole pour évoquer la fin de vie et le deuil, des sujets chargés émotionnellement.

Ensuite je rassure mes patients : la mort ne survient pas si on en parle (j’en suis la preuve vivante). Ces temps d’échange sont pour les participants un temps de pause, une bulle de détente pour débriefer sur la situation, leurs émotions…

Au fil des séances, le dialogue permet de comprendre vos émotions, de les verbaliser afin de pouvoir aborder le futur avec sérénité. L’étape de revivre des événements du passé permet de prendre conscience de l’origine des peurs, mais aussi de comprendre le vécu de votre proche en fin de vie.

Ensuite, mon rôle en tant que palliatothérapeute va être de vous soigner ou de vous aider à réparer le lien avec la personne malade. L’objectif est de vous offrir la possibilité de profiter intensément des derniers instants. En revanche, en cas de décès brutal ou préparé, je vais vous accompagner pour prendre soin de votre chemin de deuil, avec un accompagnement personnalisé et bienveillant, à votre rythme, dans votre processus.

“Souhaitez-vous ajouter quelques mots ?”

SG : Je voulais dire qu’il n’y a pas d’âge pour parler de la mort. Oui, elle peut être terrifiante, mais de nos jours, on peut mourir dans d’excellentes conditions. Pour être plus serein, il est important, comme pour vos autres peurs, de l’écouter et de l’exprimer.

Le risque, en refoulant vos émotions, est de ne pas profiter pleinement de votre vie. Alors il est essentiel de faire un travail sur votre relation avec la mort et ne pas hésiter à en parler avec vos enfants pour les rassurer. Le livre "Saule" aux éditions "Pourpenser", a été conçu dans ce but-là : aider les parents et les enseignants à parler du sujet en amont d’événement douloureux.