Qu'est-ce que le don du corps ?

Le don du corps consiste à offrir son corps humain après la mort à des fins d’enseignement médical, de formation dans les hôpitaux et de recherche scientifique. Il ne doit pas être confondu avec le don d'organes, destiné à sauver des patients en attente d’une greffe. Ces dons relèvent d’une autre logique, dans le cadre de la transplantation d’un greffon sur un receveur (ex. reins, poumons, cornée, moelle osseuse, etc.).

Le don du corps, quant à lui, permet aux équipes médicales, infirmiers, soignants et étudiants d’apprendre sur des corps réels, dans un contexte éthique strict. Cette formation concerne les gestes techniques, l’exploration anatomique et les innovations thérapeutiques. C’est aussi un apport essentiel à la recherche sur les maladies chroniques, les soins palliatifs et les situations de fin de vie.

Photo d'une équipe médicale au bloc opératoire

En France, cette pratique est encadrée par la loi de bioéthique du 2 août 2021. Contrairement aux prélèvements d’organes, qui peuvent avoir lieu dès la mort encéphalique ou mort cérébrale (aussi appelée état de mort encéphalique), le don du corps suppose que la personne décédée ait donné son consentement explicite de son vivant, par écrit.

Les établissements agréés, tels que les CHU, centres hospitaliers ou facultés de médecine, doivent recevoir une autorisation du ministère pour accueillir ces dons. Ils s’engagent à respecter l’anonymat, la gratuité et la dignité des donneurs.

Qui peut faire don de son corps ?

Toute personne majeure peut faire don de son corps à des fins d’enseignement et de recherche, à condition d’être en capacité de consentir librement. Le don du corps est différent des dons d’organes, où le consentement est présumé : sauf inscription sur le registre national des refus, tout défunt est donneur potentiel pour les prélèvements d’organes en cas de mort encéphalique.

Dans le cas du don du corps, un consentement écrit est obligatoire. Il n’est pas transmissible : la famille, les proches, ou un médecin ne peuvent pas décider à la place de la personne décédée. Cette démarche est révocable à tout moment.

L’établissement de santé peut néanmoins refuser un don, en particulier si le décès survient dans des conditions particulières (infection, maladie transmissible, préservation impossible, prélèvements déjà réalisés sur la dépouille…).

Le choix de donner son corps reste une démarche personnelle et réversible.

Comment faire don de son corps ?

Demande de renseignements

Il faut contacter un établissement hospitalier agréé (CHU, faculté de médecine) afin de recevoir un dossier d'information. Ce document expose clairement les implications du don, la différence avec le don d'organes, et le rôle de la coordination hospitalière dans la prise en charge du corps.

Photo d'une médecin

Déclaration de consentement

Le futur donneur doit rédiger une déclaration manuscrite de son vivant, datée, signée et l'envoyer au centre d’accueil (souvent en Cedex). Contrairement au don d’organe, ici, il ne s’agit pas d’un principe de présomption, mais bien d’un engagement volontaire. Il n’existe pas de donneurs vivants pour le don du corps dans ce contexte.

Information des proches

Bien qu’aucun accord familial ne soit nécessaire, il est conseillé d’informer ses proches pour faciliter la prise en charge en cas de décès, apaiser le deuil, et permettre une meilleure compréhension de la démarche.

Désignation d'une personne référente

Le donneur potentiel peut désigner un interlocuteur (souvent un proche ou un infirmier référent) qui s’occupera des formalités et assurera la liaison avec la structure d’accueil après la mort de la personne.

Au moment du décès, les proches doivent rapidement informer la structure d'accueil.

Processus après le décès

Prise en charge du corps

Dès le décès, la structure hospitalière doit être informée rapidement. Cette rapidité est cruciale, notamment pour préserver les conditions d’intégrité du corps humain avant prélèvement ou étude. Contrairement au don d’organes, il n’y a pas de greffe mais un usage pédagogique ou scientifique.

Utilisation du corps

Le corps est utilisé pour la formation médicale, l’étude de l’anatomie, l’apprentissage de gestes chirurgicaux ou la recherche. Les transplantations et greffes ne font pas partie de ce protocole, mais les connaissances acquises peuvent bénéficier indirectement à des receveurs en attente d’une greffe d’organes ou d’intervention vitale.

Photo d'étudiants en médecine

Retour du corps ou des cendres

Une fois les travaux terminés, le corps est le plus souvent crématisé. Les cendres peuvent être restituées à la famille selon les volontés exprimées. Ce processus n’empêche pas l’organisation de funérailles sobres ou symboliques.

Cérémonie du souvenir

Une cérémonie est généralement organisée chaque année pour rendre hommage. Étudiants, infirmiers, soignants et familles s’y réunissent pour exprimer leur gratitude. Certains établissements permettent que le nom du donneur soit mentionné si cela a été souhaité.

Respect et dignité

Le corps est traité avec le plus grand respect tout au long du processus. Cette pratique repose sur des valeurs profondes : altruisme, solidarité, et transmission du savoir. Le don du corps et les dons d’organes permettent de former, de soigner, et parfois de sauver.